Construire sans détruire

     J’aime bien vieillir.

J’aime à penser, à ce stade de ma vie, que tout est encore possible. Enfin peut être pas tout, mais beaucoup de choses tout de même.

J’aime à croire que je peux encore découvrir, et m’instruire. J’aime à espérer que je peux encore changer, progresser. 

      J’aime bien vieillir.

A la cinquantaine, le rythme ralentit: on se pause. Souvent par obligation, freinés par nos petites blessures, certaines récurrentes, d’autres déjà bien installées. Je fais ce que je peux.

A la cinquantaine, il y a moins de pressions, moins de contraintes, familiales et sociales. Je fais ce que je veux.

A la cinquantaine, il y a moins d’intransigeance, moins d’exigence et plus de tolérance. Je sais ce que je vaux.

 

        S’épargner. Une obsession déjà précoce.

 

Dix ou Vingt ans de plus, et ce sera une nécessité pour beaucoup et peut être déjà trop tard pour quelques uns.

L’économie corporelle a toujours été une priorité pour moi. C’était tout d’abord une nécessité personnelle, compte tenu de ma fragilité lombaire. Puis mon métier de kinésithérapeute m’a rapidement sensibilisé à la prévention: face aux blessures, aux usures des corps, j’ai pris la mesure que si certaines sont accidentelles, ou inéluctables, quelque unes sont évitables.

        J’aime bien vieillir et j’aime vieillir bien.

Le Yoga me semblait le sport idéal, à la fois doux et tonique, pour un corps souple et fort. L’activité rêvée pour une jeune quinquagénaire!

Mais aussi il représentait un énorme challenge, au vu des asanas, dont certaines acrobatiques, enchainées lors des vinyasas effrénés, partagés dans des vidéos sobrement intitulées: » Yoga tous niveaux ».

Je me suis vite aperçue que l’on pouvait se faire mal au Yoga, si il y a un manque de consignes, d’adaptations et de corrections.

J’ai découvert la Méthode de Gasquet au bon moment. J’avais des envies et des méfiances, des convictions et des compétences. J’avais de la curiosité, des questions, de la patience. Et j’avais du temps.

Je ne me souciais déjà plus du regard des autres, et ne craignais plus la comparaison.

     Le Yoga de Gasquet permet une approche sécuritaire des postures et des enchainements, ainsi qu’une adaptation individuelle, et puis rapidement une autonomie.

J’avoue qu’au départ, c’est un peu frustrant: on rêve d’asanas, de figures aériennes ou acrobatiques, d’enchainements fluides et de mouvements harmonieux. Il y a tellement de photos, de vidéos sur les réseaux sociaux, qui nous attirent, avec la promesse d’un sport qui semble facile, accessible, valorisant corporellement et socialement.

   Chez de Gasquet, les postures de bases sont détaillées: debout, flexion de buste, quatre pattes, chevaliers servants, et voila déjà une salutation au soleil simplifiée. Les positions au sol sont corrigées. La respiration est au centre du placement, du mouvement. Le bassin est tenu. L’engagement du périnée et des abdominaux profonds protège le dos et le plancher pelvien. Le core est tonique, sans hyperpressions, et joue son rôle de transmission des forces entre les quatre membres. Les adaptations sont variées et s’accordent aux morphologies. Sur ce socle solide, les postures se construisent et s’élèvent.

On s’aperçoit alors que le quatre pattes est en réalité difficile, s’il est bien construit.

On conçoit que le chevalier servant est intéressant, car il nous prépare aux postures asymétriques, et renforce notre équilibre.

Et on éprouve ainsi que s’exercer sur une position simple permet d’améliorer de façon significative une posture plus avancée:

  • les quatre pattes préparent les gainages
  • les chevaliers servants et les fentes entrainent à Virabhadrasana I, II et III ( les guerriers )
  • les étirements de la chaine postérieure facilitent Adho Muka Svanasana ( chien tête en bas ), Pashimottanasana ( la pince ) et Uttanasana ( la pince debout ).
  • les flexions ( Upavisata Konasana ) ou les torsions de bustes, sur grand écart au sol, exercent le corps à Prasarita Padottanasana  ( pince jambes écarts debout ) ou Trikonasana ( le triangle)

La posture finale? Parlons-en! On ne l’atteindra peut être jamais, mais qu’importe, puisque déjà le corps travaille intensément dans les positions intermédiaires en toute sécurité. Et puis, qui sait?

C’est ainsi que l’on construit sans se détruire, petit à petit.

                J’aime bien vieillir.

                     Et je crois que je me prépare un bel avenir….

                              Et vous, quand adopterez vous #labonneposition?